Interview de François Prouteau, président de Fondacio
David : Vous venez, François, pour nous parler de la question écologique. Y a-t-il des solutions?
François Prouteau: Partout dans le monde, les initiatives se multiplient pour montrer la voie, initier de profonds changements de comportement et partager les recherches sur les nouvelles pratiques. Mais personne n’a vraiment de solution clé en main.
D. : Quelles initiatives, par exemple?
F. : Je pense au Forum Mondial Convergences, qui s’est tenu au Palais Brongniart à Paris pour sa 12e édition les 5 et 6 septembre, et Fondacio était l’un des partenaires.
D. : Convergences, c’est quoi?
F. : Fondé en 2008, le Forum Mondial Convergences rassemble chaque année plus de 5,000 professionnels pour échanger et partager des solutions pour réduire les inégalités, lutter contre le changement climatique et les objectifs de développement durable. L’originalité réside dans l’explication du terme “Convergences”. Convergences de quoi? Je dirais des convergences “Triple Zero”. En effet, l’objectif est “Zéro exclusion, zéro carbone et zéro pauvreté”; «Triple zéro» signifie convergence et interconnexion en action pour un monde sans exclusion, zéro carbone et zéro pauvreté.
D. Et Fondacio dans tout ça?
F. : Fondacio est l’un des partenaires techniques internationaux et a participé aux éditions en Colombie et aux Philippines il y a quelques mois.
La réduction de la pauvreté, la lutte contre l’exclusion et la préservation de l’environnement sont des enjeux majeurs communs à Fondacio et Convergences. En Afrique, Asie et Amérique latine. Fondacio a mis en place des projets pour construire un monde plus humain et plus juste dans le respect de notre maison commune: la Terre. Les centres Laudato Si de Fondacio seront-ils un jour étiquetés # 3Zéro? Pourquoi pas! Ce serait une belle façon de redonner de la valeur à zéro, la base de l’écologie intégrale.
D. : Avez-vous un exemple concret de projet?
F. : Julia Naw a été invitée aux côtés de Yan Arthus Bertrand et Frédérique Bedos pour présenter son projet lors de la soirée de clôture du Forum Mondial Convergences vendredi dernier: Youth We Can! Les jeunes s’engagent pour le climat.
Julia est une ancienne étudiante de l’Institut de formation Fondacio Asia.
Les jeunes de son pays, Myanmar / Birmanie, recherchent un emploi pour gagner de l’argent: ils veulent travailler dans de grandes entreprises mais beaucoup détruisent la planète, en particulier dans l’industrie minière. En outre, les femmes avaient moins de possibilités d’éducation et d’emploi; beaucoup ont migré illégalement pour travailler et accepté des emplois dangereux et ont même été victimes de la traite comme épouses et travailleuses du sexe à l’étranger.
La formation de Julia à Fondacio lui a donné le courage de démarrer une entreprise sociale autour de la mode durable. Elle a commencé à se former et à former les autres à la couture. Puis vint la création de Youn Sone. Youn Sone signifie coloré dans la langue birmane, pour montrer l’harmonie dans la diversité des cultures, ethnies, âges, religions et histoires personnelles. Le but de Youn Sone est de donner aux jeunes les compétences nécessaires pour devenir autonomes sans détruire la culture, les traditions et la terre mère. Les produits de mode durables sont vendus localement et en Europe.
A Fondacio, Julia est également devenue formatrice pour d’autres jeunes sur la manière de développer des projets générateurs de revenus axés sur le développement durable et les affaires. Aujourd’hui, ces jeunes commencent à prendre leurs responsabilités et leur créativité pour trouver des solutions qui favorisent zéro exclusion, zéro carbone qui peut conduire à zéro pauvreté. À leur tour, ils créent de nouveaux produits en recyclant de vieux objets en plastique ou en tissu.
Pour Julia, l’important est de remonter à ses racines, d’apprendre de la sagesse des peuples autochtones, où la culture et les traditions vivent en harmonie avec la nature.
Ainsi, les produits Youn Sone sont développés pour combler le fossé entre les riches et les pauvres, le moderne et le traditionnel, ET surtout, pour connecter les gens et l’environnement.
