L’actualité des dernières semaines a mis en évidence la fragilité des démocraties. Oui, des plus anciennes démocraties comme aux États-Unis, comme celle qui était en émergence en Birmanie et dont le coup d’État des militaires le 1er février sonne le glas.
Aux États-Unis, les dernières élections présidentielles ont montré l’importance du fait qu’un responsable doit rendre des comptes devant le peuple et que celui-ci, dans une démocratie, affirme sa souveraineté au moment du vote. Mais en appelant à marcher sur la Capitole le 6 janvier dernier, le président sortant a fait trembler les institutions démocratiques. L’assaut de ses partisans contre le Capitole manifeste au grand jour le pire héritage de Trump : « par sa violence, la trivialité de ses propos et, souvent de ses actes, le président sortant a donné droit de cité à des instincts qu’un bon fonctionnement institutionnel a précisément pour but de contenir et de canaliser, » souligne le journaliste Guillaume Goubert (éditorial de La Croix du 20 janvier 2021, jour de l’investiture de Joe Biden).
Mais au bénéfice de cette épreuve tragique, on peut souligner, le fait que les institutions, dotées de garde-fous puissants, ont bien tenu.
Oui c’est vrai. De plus, le compte Twitter de Donald Trump avec ses 88 millions d’abonnés a été définitivement fermé, trois jours après les émeutes du Capitole, en raison des « violations graves et répétées » commises par Trump sur la plateforme numérique : le président des Etats-Unis y faisait ses annonces politiques, fulminait contre les médias et insultait ses adversaires au quotidien. Six autres plateformes numériques ont, après Twitter, décidé d’exclure Donald Trump. A l’évidence, ces activités et ces prises de position des géants du numérique mettent en évidence leur pouvoir sur le débat public et la démocratie. Elle souligne la nécessité d’un débat politique plus approfondi relatif à la liberté d’expression et le respect d’autrui sur l’internet et les réseaux sociaux.
Ceci nous amène en Birmanie. Depuis le coup d’État militaire qui a renversé le gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi, le 1er février, l’armée a ordonné à plusieurs reprises de bloquer l’accès à Twitter et à Facebook, la porte d’entrée sur internet pour des millions de Birmans, afin de faire taire la contestation qui s’intensifie dans le pays. Malgré des arrestations qui se poursuivent et la coupure d’internet, des milliers de manifestants ont défilé ce week-end dans les rues de Rangoun, en levant trois doigt, comme dans le film de fiction Hunger Games, pour signifier leur acte de résistance. Dans les images postées hier par l’AFP sur Twitter, on voit les habitants de Rangoon qui, comme chaque soir à 8h, tapent sur des casseroles et klaxonnent. Ils refusent le coup d’État et la dictature militaire. C’est « inimaginable et incroyable pour moi en ce 21ème siècle », dit un jeune manifestant. On ne peut qu’exprimer notre soutien au peuple Birman et prier pour un retour, au plus vite, de la démocratie dans ce pays.
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