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Prédication d’Andrée Endinger pour Pâques

Prédication d’Andrée Endinger pour Pâques: Frères et sœurs, chers amis, ce matin, je n’ai que de bonnes nouvelles pour nous. Cela ne fait-il pas une différence pour nous?

XNUMX siècles après ce jour de la Pâque, où Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques et Salomé, après avoir accompagné Jésus dans sa mort sur la croix, partent au petit matin vers le tombeau dans lequel Joseph d’Arimathée a placé le corps de Jésus quelques heures auparavant. Elles ont acheté des aromates pour embaumer Jésus… peut-être ont elles trouvé un peu de ce nard qu’une inconnue de Béthanie a versé sur la tête de Jésus, l’embaumant ainsi de son vivant !


 Alors en ce matin de Pâques 2021, je vous invite à prendre ce chemin vers le tombeau, en emboîtant le pas de ces trois femmes.  


Les deux Marie et Salomé avancent en silence, en proie à une profonde tristesse. Elles ne disent pas leur détresse que l’on peut cependant deviner : en effet, elles vont accomplir ce travail réservé aux femmes qui, de même qu’elles accompagnent la naissance, s’occupent de la mort et des derniers gestes de tendresse et d’hommage à celui qui n’est plus et qui leur était cher…


 Mais elles expriment une inquiétude: « Qui nous roulera la pierre loin de l’entrée du sépulcre ? » Question et inquiétude légitimes, elles savent que seules, elles n’y arriveront pas ! Question qui nous indique aussi que ces femmes si elles sont tristes, demeurent dans la vie et ont gardé au fond d’elles-mêmes un petit grain d’espoir. Elles ont espoir que quelqu’un, un jardinier, sera là pour les aider… Avec courage, elles se sont levées au lever du soleil et ont pris la route, malgré la peur, malgré la tristesse sans se laisser enfermer dans le désespoir…

Alors ce matin, osons avancer vers Jésus, sans crainte et sans complexes, tels que nous sommes, avec nos manquements, nos regrets, nos peurs, nos morts, nos détresses, notre souffrance… je ne connais pas vos vies, mais ce que je sais, c’est que pour chacune et chacun d’entre vous, la vie apporte son lot de chagrins plus ou moins grands… Oui c’est avec nos propres questionnements et inquiétudes que nous avançons ce matin vers Pâques, mais aussi avec toutes les incertitudes collectives générées par la situation sanitaire si étrange que nous vivons depuis une année. La résurrection n’est pas un coup de baguette magique, comme nous allons le découvrir avec nos trois compagnes du jour 


  « Qui nous roulera la pierre ? » 

Les trois femmes sont placées devant un impossible et durant toute leur marche elles ont ressassé cette question, sans savoir que c’est un autre impossible qui les attend au tombeau. En effet, lorsqu’elles arrivent, la pierre est d’ores et déjà roulée. On ne sait ni par qui, ni comment, mais c’est un fait : la question qui les préoccupait en chemin n’a plus lieu de se poser. 

Ne nous retrouvons-nous pas un peu dans cette expérience des Marie et de Salomé ? N’avons-nous pas souvent des questions qui pèsent sur nous comme un couvercle impossible à soulever, des questions qui soudain deviennent inutiles car la réponse s’est donnée d’elle-même ? Et nous ne saurions même pas vraiment dire comment tous ces impossibles de nos vies se sont trouvés soudain possibles. En tout cas, moi, j’ai déjà vécu cela.

La pierre a été roulée et l’impossible est devenu possible. Elles entrent dans le tombeau et un autre impossible vient réveiller leur peur. Elles s’attendaient à la mort, et c’est la vie qui les accueille en la personne d’un jeune homme vêtu de blanc. Le tombeau gardien de la mort devient porteur de vie, ouverture sur la vie.  


Elles s’attendaient à la mort et c’est la vie qu’elles trouvent.  


Et entre ces deux réalités, mort et vie, entre la mort de Jésus sur la croix et la résurrection de Jésus il y a le shabbat. Elles ont observé, en bonnes Juives, le temps du shabbat et cela a primé sur le devoir à rendre à un mort, fut-il Jésus ! 

Pour les juifs, le shabbat est plus important que la mort et le deuil. Il est la première fête du Judaïsme, le jour de la semaine où le Créateur régénère ses créatures dans le repos. Avant de rendre les honneurs à un mort, le premier devoir du croyant est d’honorer le Dieu de la vie. Les mots de la Genèse résonnent «il y eut un soir, il y eut un matin” la lumière vient faire irruption dans la nuit, dans les ténèbres.

Et pour nous, Chrétiens, c’est une aussi merveilleuse nouvelle que pour le Judaïsme : la vie vient faire irruption dans la mort !
Entre le silence de la mort et la joie de la résurrection, il y a ce moment où Dieu prend toute la place, où Dieu se pose, se repose, et où je me pose en lui. Pour sortir de nos morts, il faut peut-être prendre le temps de se poser en Dieu, dans le silence, dans la paix du cœur, dans la prière… un temps de shabbat pour laisser la parole de Dieu nous rejoindre et grandir en nous.
 
« Il est ressuscité, il n’est pas ici »
 

Marie de Magdala, Marie et Salomé entrent dans le tombeau et sont accueillies par un jeune homme vêtu de blanc. Est-ce un homme, est-ce un ange ? Marc ne le dit pas. Il est assis du côté droit, le bon côté, la place divine et nous pouvons comprendre tout de suite qu’il s’agit d’un messager divin.  

C’est en tout cas lui qui donne sens à l’évènement. La pierre roulée et l’absence de corps dans la tombe ne signifient rien en eux-mêmes : le corps aurait pu être déplacé! Les paroles prononcées ne vont pas expliquer l’évènement, mais donner sens au vide dans le tombeau.


Les premiers mots de ce jeune homme visent à rassurer les femmes qui sont effrayées : “ne vous épouvantez pas ». Pour elles, la vision d’un messager divin se traduit immédiatement par la peur, réflexe venu du Premier Testament et encore ancré dans le Judaïsme de l’époque.
Pour nous, cette parole résume la foi pascale : N’aie pas peur ! n’aie pas peur de la vie et de la mort, n’aie pas peur de Dieu et de ton prochain, n’aie pas peur de toi-même… Vis ta vie… Et peut-être qu’une bonne façon d’accueillir le message de la résurrection est de s’interroger sur ses peurs, les visiter dans sa prière et leur opposer la grande annonce :  “Le Christ est ressuscité! “

 Ce messager divin annonce ensuite la résurrection de Jésus. Et l’évangile de Marc ne la décrit pas, il se contente d’annoncer la résurrection et parle d’un tombeau vide et donc d’une absence à cet endroit-là
 « Il est ressuscité » C’est Dieu qui ressuscite Jésus, et proclamer la résurrection, c’est reconnaître, comme à shabbat, l’œuvre créatrice de Dieu qui fait jaillir la vie là où l’homme ne s’attend qu’à la mort

“Il n’est pas ici” 

Jésus ne s’est pas laissé enfermer par la tombe et la mort. Il ne sera jamais prisonnier de nos rites, nos liturgies, nos théologies, nos peurs et nos croyances. Il est Vivant et la vie ne se laisse jamais contenir.

Et c’est là une autre magnifique nouvelle pour nous Chrétiens. Le tombeau est vide et nous n’avons rien à ériger en statue, rien à posséder, rien à retenir, rien à idolâtrer… Jésus ne peut pas être réduit à une idole. Il a laissé le tombeau vide et un creux en chacun de nous, lieu de l’attente, du désir, de l’espérance… de la prière, ce creux dans lequel nous pouvons recueillir une parole venue de Dieu à condition de garder les mains et le cœur ouverts, en attente et prêts à donner Notre foi repose sur un creux, comme une matrice, qui peut recevoir et qui peut donner… Notre foi repose sur une parole et l’expérience que nous sommes appelés à vivre, c’est de mettre sur nos lèvres le credo du jeune hommeJésus de Nazareth qui a été crucifié est ressuscité “.


Le tombeau est vide et Jésus est le Vivant …

“Il n’est pas ici”.. mais alors il est où ?

« Allez dire à ses disciples qu’il vous précède en Galilée… » La Galilée est l’endroit où tout a commencé. C’est la terre des apôtres, la terre de leur enfance, de leur enfance, de leur rencontre avec Jésus. Le retour en Galilée annonce une résurrection qui n’a pas lieu en dehors de notre histoire, mais pleinement dans l’histoire de nos vies, dans ce que nous sommes au plus profond de nous … C’est aujourd’hui, dans notre Galilée, dans la vie de tous les jours de notre que nous sommes appelés à ressusciter. La résurrection ne signifie pas que notre monde n’est plus habité par les forces de la mort. Nos vies sont marquées par le deuil, la souffrance, les épreuves … La résurrection signifie que la réalité des ténèbres n’a pas besoin et ne peut pas nous empêcher de surmonter notre peur, de devenir ce que vous êtes et de vivre comme des personnes ressuscitées dans notre Galilée.


Puissions-nous être, comme Marie de Magdala, Marie mère de Jacques et Salomé, bouleversés par cette incroyable et merveilleuse nouvelle de la résurrection. 

 
Puissions-nous avancer malgré la peur, le silence, l’incompréhension sur les chemins nouveaux de notre Galilée avec la foi confiante que le Vivant nous y précède et nous y attend.  


 Amen
 

La prédication d’Andrée Endinger pour Pâques

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