Parler de transformation en ce jour de rentrée pour des millions d’élèves, c’est d’abord souligner qu’il n’y a pas de véritable formation sans transformation de toute la personne, dans toutes ses dimensions. Et c’est bon de le souligner dans ce nouveau commencement propice aux promesses. De fait, que souhaiter à des élèves sinon qu’ils soient « élevés », et comme le dit la formule magique d’une fameuse émission estivale, élevés « toujours plus loin, toujours plus haut, toujours plus fort ! ». Sans nul doute, plus passionnante encore que Fort Boyard, est l’aventure d’« élever » un jeune. Toujours plus loin dans l’exploration et l’acquisition de nouveaux savoirs Toujours plus haut dans son âme et le désir de faire quelque chose de beau dans le monde! Toujours plus fort pour combattre dans les épreuves, et les traverser en confiance, en se laissant transformer par la Vie ! Car une formation véritable n’est pas d’abord une série de couches d’apprentissage en mille feuilles. Une formation véritable est transformation : elle modifie notre manière de voir le monde et d’être en relation avec lui. Cette modification est liée à la plasticité de l’être humain, à sa capacité de s’adapter et de se laisser transformer pour, à son tour, transformer le monde et le rendre meilleur.
Se laisser transformer et transformer vont de pair dans toutes les réalités humaines, non seulement individuelles, mais aussi collectives, les organisations, et aussi l’Église dans sa relation aux jeunes et au monde de ce temps. Transformer l’Église, qu’est-ce à dire ? Le pape François, le 3 octobre 2018, à l’ouverture du dernier synode consacré aux jeunes, parlait « d’élargir les horizons, de dilater le cœur et de transformer ces structures qui aujourd’hui nous paralysent, nous séparent et nous éloignent des jeunes ». Cet appel faisait suite à une autre interpellation semblable adressée par le pape au Peuple de Dieu, en août 2018 : « Il est nécessaire que chaque baptisé se sente engagé dans la transformation ecclésiale et sociale dont nous avons tant besoin ». L’Église connaît une grande épreuve, la révélation des violences sexuelles et abus de pouvoir qui ont été commis montre une plaie béante. C’est une transformation de l’Église en profondeur qui est appelée, en de nombreux points de sa vie interne et de sa relation avec le monde. Michel Camdessus, Ancien membre du Conseil pontifical Justice et Paix, et dix autres catholiques engagés, s’en font l’écho dans un opuscule publié en juillet dernier Transformer l’Église catholique (disponible en ligne). Avec l’éclairage historique et théologique du Père Hervé Legrand, dominicain, ils expriment trois grandes convictions, en ce moment de l’histoire de notre Église. En premier, le devoir pour tous les baptisés de soutenir les réformes structurelles du pape François pour combattre et dépasser le cléricalisme. Ensuite, la nécessité pour l’Église de rénover son discours et ses prescriptions concernant la vie affective et la sexualité. Enfin, le souhait de voir pleinement mettre en œuvre la synodalité voulue par le Concile Vatican II. Les auteurs proposent que « se réunissent évêques et fidèles pour préparer l’avenir de l’Église par des innovations et des réformes fondées sur sa grande Tradition et périodiquement évaluées ». L’appel qui est adressé à chacun est de « faire chemin ensemble », autrement « synode » ; « Je suis le chemin, la vérité et la vie » dit Jésus (Jn 14). La transformation est ici conversion et conversation continues.
Pour cette rentrée, souhaitons de telles transformations dans nos Églises locales, en chacun de nous et dans le monde ; armons-nous de courage pour tous les défis à affronter comme opportunités de croissance.
Par François Prouteau
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