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Traverser la mort de filles en fils du Père …

Tout le monde n’a pas la chance – la grâce – de croiser une personne … quasiment ressuscitée. Un groupe d’accompagnateurs de Fondacio, essentiellement d’Ile de France mais avec quelques délégués régionaux, a vécu une telle rencontre à l’Ermitage. Bernard Bastian, ancien modérateur de la communauté du Puits de Jacob, est intervenu de façon exceptionnelle sur le thème des Pâques dans nos vies.


Une première pour Bernard Bastian: répondre à une invitation de notre communauté sur le site de l’Ermitage, ” attiré par le père “(attiré par le Père) … … C’était une décision assez folle (d’aller et venir en un jour de la périphérie de Strasbourg) pour quelqu’un qui reconnaît l’avoir été”malade depuis cinquante ans“et qui a véritablement traversé la mort en 2009.


En effet, l’ancien modérateur de la communauté du Puits de Jacob a connu alors une épreuve de santé gravissime, avec une tétraplégie de plusieurs semaines et un coma de deux mois. Il se dit sauvé par la prière de l’Église et de la communauté qui l’a alors accompagné et soutenu envers et contre tout. Y compris son désir de “quitter le bateau“aux heures les plus sombres.


Des conséquences simples et vitales


Son intervention a démarré par un rappel sobre de ces événements majeurs. Dans ce qui a suivi, pas de propos théologiques lénifiants donc, juste des paroles trempées au feu d’une expérience hors norme.
L’essence de son enseignement porte sur notre identité de fils et de filles du Père, à l’image du Fils Jésus. Et sur les conséquences à la fois simples et vitales impliquées par ce positionnement.
Les moments de méditation et de réflexion sur la Passion, en particulier sur les dernières paroles du Christ, nous permettent d’approfondir un “mourir de fils et filles“… Là où la relation de confiance et d’abandon filial est maintenue jusqu’au bout et permet cette forme de choix à rebours de nos seules logiques humaines.


“Ma vie, personne ne la prend, c’est moi qui la donne” … “Père, pardonne-leur” … “Entre tes mains, mon esprit” ...
Il est impossible de donner un compte rendu exhaustif de la richesse de la journée.


“A épouser absolument.”


Soulignons quelques accents essentiels.
Bernard Bastian nous rappelle que nos croissances humaines procèdent par maturation et déploiement et par mode de ruptures, de «morts». Il s’agit parfois de mourir pour vivre: pour entrer dans la vie “encore plus réelle, personnelle, voulue par Dieu pour chacun de ses enfants. Chaque craquement, brisement, gestation dans nos vies peut être, dans la Pâque du Christ, vue, analysée, accompagnée comme une nouvelle naissance dans laquelle un autre aspect de nous-mêmes se révèle. Si nous croyons en la Pâque et en la résurrection, nous ne pouvons pas simplement nous laisser arrêter par une forme de mort. “. Invitation à relire l’intervention d’Elie auprès de la shoumanite, de Jésus avec la veuve de Naïm (2 Rois 4, Luc 7 …).
Une ferme invitation aussi à “épouser absolument le plan psychique des maux rencontrés, mais ne pas en rester là“. Car il s’agit d’une nouvelle vie en nos personnes à l’occasion de tels croisements, qui provoquent des fautes, des ruptures, une fragilité singulière …
Le Seigneur crée.“Il est question de mourir à soi-même, à son”moi préfabriqué“(notre ego vu par Maurice Zundel) …


Comme on taille un diamant


Le pardon, “Pâques des Pâques“est évoqué, qui nous ouvre une autre voie de fils… …” Celui qui pardonne grandit parce que quelque chose de la revendication humaine meurt en lui. Comme un saut quantique de chair et d’esprit …
Parfois, nous devons consentir à “mourir plus vite” à ce qui nous joue afin de vivre davantage comme de vrais fils et filles!
Accepter “docilement” ce que l’épreuve va opérer comme un dépouillement salutaire, comme on taille un diamant …


Le Père Bastian souligne également combien le péché “racine”, “matrice” revient à refuser la paternité de notre Dieu le Père. Refuser d’être fils, de recevoir son origine d’un autre … Le fils prodigue (Luc 15) en offre une illustration très claire. Être disciple, par contre, c’est être fils. Il nous appartient donc de saisir chaque opportunité pour nous permettre d’être “fils”.


Même à l’heure de notre mort terrestre, en nous laissant «couler» dans la propre mort du Christ, ayant lui-même quitté ce monde entièrement tourné vers son Père, sans démissionner quand tout devenait absurde …


Dans Marc 15, le centurion le perçoit: “Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu! ».

Odile Foch


Pour notre méditation


“A deux vers le Père” …


 C’est par Dieu que je suis créé, créé mortel. Or, Il est mon Père. Un père n’engendre pas son enfant afin de le tuer. Si, par création, Il me destine à mourir, c’est afin de me faire naître. (…) Jésus meurt dans la sienne la mort de tous les hommes. Je l’espère, je mourrai dans la mort filiale de mon Sauveur… Il me prendra en Lui et nous mourrons à deux vers le Père. »
[Extraits de l’homélie du père François-Xavier Durrwell, théologien, rédigée par lui-même].

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