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Témoignage Laudato Si – Lucie Tailhades

Rencontre avec Lucie Tailhades pour parler de son parcours Laudato Si!

Qui suis-je?

Entrepreneur de 25 ans, je développe TrendEthics, un incubateur social et écologique pour les groupes ethniques d’Asie du Sud-Est. Mon objectif est d’aider ces ethnies à vivre de leur savoir-faire et leur culture pour sortir de la précarité et maintenir leur mode de vie respectueux de l’environnement.

Mes déclics?

J’ai eu 3 déclics dans ma conversion d’écologie intégrale:
– Ingénieur de formation, je me suis spécialisée dans l’environnement et j’ai ainsi pu avoir une approche scientifique des enjeux environnementaux et sociaux. D’une part, à travers les chiffres 1 décès sur 6 dans le monde est dû à la pollution, mais aussi en étudiant les solutions de traitement des déchets, j’ai réalisé qu’il était question de compromis plus que de bonnes ou mauvaises façon de faire.
– Un stage en transition énergétique, un business vert existe et n’est pas forcément la meilleure solution.
– En 2017, la lecture de l’encyclique «Laudato Si», “tout est lié“et nous avons tant à apprendre des plus pauvres.

Ainsi j’ai compris qu’au-delà des solutions techniques, c’était les comportements qu’il fallait changer: consommer moins, être plus sobre, avoir plus de moments de spiritualité. 

Quel changement de vie?

Après un volontariat au Vietnam avec Les Missions Etrangères Paris, j’ai travaillé dans un grand groupe puis j’ai décidé de retrouver une unité de vie ! En effet, depuis plusieurs années je sentais un appel très fort à prendre exemple des plus pauvres et à les mettre au coeur de la construction d’un nouveau modèle écologique & solidaire. En juillet 2019, j’ai donc décidé de partir un an à la rencontre d’ethnies en Asie du Sud-Est grâce au Prix Asie de la Bourse de l’Aventure Chrétienne pour:
– découvrir le lien entre leurs croyances et leur écologie
– prendre exemple sur elles: les ethnies représentent 5% de la population, mais préservent 80% de la biodiversité (d’après la WorldBank)
– les aider à maintenir ce mode de vie en accompagnant les initiatives locales et en structurant des programmes de tissage dans les villages (en lien avec TrendEthics)

Qu’ai-je appris sur l’appartenance ethnique?

J’ai rencontré une dizaine d’ethnies (Laos, Cambodge, Birmanie et Vietnam) et à chaque fois j’ai pu constater une autre relation à l’argent : elle n’est pas au centre de leur vie. L’argent est simplement vu comme un moyen et lorsqu’on en a, on prête à ceux dans le besoin et inversement. Elles vivent l’instant présent, ce qui peut poser problème (peu d’économies) mais leur permet aussi de se suffire de ce qu’elles ont. Une soeur me racontait que quand elle apportait des bonbons à des enfants, ils n’en réclamaient jamais un deuxième !

Par ailleurs, c’est parce qu’elles vivent dans et avec la nature qu’elles la connaissent et savent qu’elles en ont besoin pour vivre et qu’elles la protègent. La culture animiste est parfois encore présente, un jeune de l’ethnie K’Ho me racontait “si je coupe un arbre alors que je n’en ai pas besoin, l’esprit de la forêt ne sera pas content”Bien sûr, l’arrivée d’autres peuples qui viennent se servir dans la forêt ou leur présente le plastique sans expliquer que ce n’est pas biodégradable vient perturber ce mode de vie.

Enfin, cette connaissance de la forêt leur permet de se nourrir d’une variété de plantes selon les saisons, mais aussi d’avoir des méthodes agricoles écologiques sans le savoir : jachères, compost, peu de pesticides car ils ne veulent pas tuer les insectes etc. La prochaine étape est souvent une formation technique sur des techniques agricoles écologiques nouvelles.

Quelle réaction de mon entourage lors de mon départ ?

Lorsque j’ai décidé de quitter mon travail pour développer TrendEthics à plein temps et aller à la rencontre de ces ethnies j’ai eu principalement des réactions positives voire d’envie. Beaucoup de jeunes et moins jeunes rêvent d’une activité avec plus de sens ! Les principales inquiétudes étaient sur la sécurité d’un tel périple et financières ! J’ai donc bien préparé ce périple pour rassurer mes proches.


Ma vision de l’écologie intégrale?

Dans son encyclique, le pape décrit parfaitement ce concept: 
Les régions et les pays les plus pauvres ont moins de possibilités pour adopter de nouveaux modèles en vue de réduire l’impact des activités de l’homme sur l’environnement, parce qu’ils n’ont pas la formation pour développer les processus nécessaires, et ils ne peuvent pas en assumer les coûts. C’est pourquoi il faut maintenir claire la conscience que, dans le changement climatique, il y a des responsabilités diversifiées et, comme l’ont exprimé les Évêques des États-Unis, on doit se concentrer « spécialement sur les besoins des pauvres, des faibles et des vulnérables, dans un débat souvent dominé par les intérêts des plus puissants ».[31] 

Nous avons besoin de renforcer la conscience que nous sommes une seule famille humaine. Il n’y a pas de frontières ni de barrières politiques ou sociales qui nous permettent de nous isoler, et pour cela même il n’y a pas non plus de place pour la globalisation de l’indifférence.” (52)
Je crois que nous devons proposer aux plus pauvres d’autres modèles de développement tout en permettant aux plus riches de soutenir ce nouveau modèle écologique et solidaire.
 
Comment se lancer dans un mode de vie «Laudato Si»?
 
Prenons exemple sur ces ethnie qui se suffisent de ce qu’elles ont, font preuve de créativité pour utiliser les ressources autour d’elles tout en les respectant, ne courent pas après le temps ! En France aussi, nos grands-parents, les monastères (exemple typique d’écologie intégrale), des jeunes et moins jeunes développent de belles initiatives et les partagent.
 
Peut-être que la première étape est de contempler, contempler la création, l’écouter et respirer pour mieux se mettre à son rythme et s’en inspirer.

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