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Youn Sone, une opportunité pour les femmes birmanes

Youn Sone est né en 2018, au Myanmar, pour favoriser l’emploi des femmes et valoriser le savoir-faire traditionnel birman, grâce à la couture. Yvonne Altorfer, cofondatrice et responsable des ventes en Europe, s’est associée à l’association française Trendethics, début 2023, pour créer Opportunity for Women. Présentation de ce nouveau projet, porté par des femmes, pour des femmes, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, le 8 mars 2023.

2018 : création de Youn Sone 

Tout a commencé avec un portefeuille. En 2018, Julia Naw, formatrice au YLDC au Myanmar, a eu l’idée d’utiliser des Longyi, jupes traditionnelles portées par les femmes et les hommes birmans, pour confectionner des portefeuilles destinés à la vente. Aidée dans son entreprise par des volontaires internationaux, son objectif était d’utiliser la couture pour favoriser l’emploi des femmes tout en valorisant le savoir-faire traditionnel local. L’équipe a été missionnée sur la création de pochettes pour le Congrès international de Fondacio, aux Philippines, en 2018.

2019 : l’activité se structure

Ayant découvert les produits lors du Congrès, Yvonne Altorfer, membre du Conseil de Fondacio, a eu un coup de cœur pour ce projet et a choisi de l’aider à se structurer. « A la suite d’un workshop sur la couture, lors d’un cycle de formation pour les jeunes leaders de Fondacio en Asie, j’ai décidé de les aider dans la durée », explique-t-elle. « Nous avons créé un prototype de robe d’été. Je m’étais engagée à en acheter 50 et à les revendre si elles arrivaient, dans les bonnes tailles, au printemps 2019 en Europe. » 

Le pari a été tenu, donnant naissance à une collaboration internationale. Yvonne et Julia sont devenus cofondatrices de cette initiative. Une petite équipe est partie au Myanmar, en mai 2019, pour continuer à structurer la production et les finances, ainsi qu’aider à créer de nouveaux produits. « Pendant ce voyage, nous avons aussi noué de premiers partenariats de vente dans un magasin très en vue à Yangon. » D’autres points de distribution ont été trouvés. Avec un objectif : développer les ventes essentiellement au Myanmar. Quelques ventes ont aussi été réalisées en Europe. 

2020 : faire avec la pandémie…

« Ça commençait à bien se préciser quand est arrivée la Covid… Ça a été l’arrêt total. Plus aucun touriste, plus aucun client localement. » Il a fallu rebondir. Youn Sone a, dans un premier temps, développé un business de masques en partenariat avec Trendethics, une association qui aide les femmes d’Asie du Sud-Est à pérenniser leur activité de tissage. Des appels à dons ont été lancés. 

La production de Youn Sone s’est aussi diversifiée avec la création de coussins et torchons. « J’ai continué à vendre partout où j’ai pu : ventes à domicile en Europe, lors d’événements de Fondacio et sur un marché local du Sud de la France. »

… 2021 : puis le coup d’Etat 

En 2021, le coup d’état de la junte a succédé à la Covid. « Désormais, une fois leur formation en poche, les jeunes ne rêvent que d’une chose : émigrer. » Malgré ce contexte difficile, Youn Sone poursuit sa croissance. « Aujourd’hui, les ventes reprennent un peu car quelques touristes et surtout des expatriés commencent à retourner au Myanmar. Les équipes sur place ont aussi fait un super boulot de réseautage et de suivi des clients. » Les ventes locales comptent pour environ 20% du budget global. Les 80% restant proviennent des ventes en Europe.

« Youn Sone grandit, cela devient plus technique », ajoute Yvonne Altorfer. « Nous devons discuter avec des usines ou des fabricants de tissus pour avoir le fil aux normes européennes. Nous avons par exemple une commande de 200 coussins pour un hôtel, ce qui nécessite une production plus standardisée et un traitement professionnel anti tâches. Il nous faut donc développer de nouvelles compétences. » Un autre enjeu est de travailler à la traçabilité des produits, réalisés avec des tissus artisanaux fabriqués à la main, dans des villages reculés. 

Aujourd’hui, Youn Sone compte entre trois et cinq salariés de Fondacio, partenaire de l’entreprise, et cinq à six familles qui vivent des commandes de couture ou de tissage régulières. Soit entre dix et vingt familles qui bénéficient de ce projet, de manière directe et indirecte. Youn Sone, toujours structurellement liée à Fondacio au Myanmar, poursuit aujourd’hui sa croissance. L’activité se professionnalise et se diversifie. Des produits sont confectionnés pour le marché européen et d’autres spécifiquement pour le marché local. Distribution et vente connaissent un succès croissant. 

Fin 2022 : une boutique à Paris 

Avec cinq autres marques du collectif Mekong Connection, créé par Trendethics, Youn Sone a loué une boutique dans le 17e arrondissement de Paris pendant six semaines, de mi-novembre à fin 2022. Un vrai pari d’investir plus de 2000 € dans la location d’un lieu de vente… qui a payé ! « L’expérience a été concluante », souligne Yvonne Altorfer. « Youn Sone a réalisé le deuxième meilleur chiffre d’affaires de la boutique. Cela signifie que nos produits plaisent à de multiples clients. Nous avons pu, aussi, par ce biais, sensibiliser à la situation des femmes en Asie du Sud-Est et en particulier au Myanmar. » 

Cette réussite a encore plus rapproché Youn Sone de Trendethics. « Nous les connaissons depuis le début », explique la cofondatrice. « Elles ont la même vision que nous, à l’exception qu’elles ont commencé par le tissage. » « Elles », ce sont Marie Van Haecke et Lucie Tailhades, porteuses des projets de Trendethics. « Nous sommes complémentaires. Younsone est spécialisée couture, tandis que Trendethics est plutôt tissage. En cumulant nos savoir-faire, nos forces et nos compétences, nous pouvons avoir de meilleurs produits et atteindre un marché plus large en France, voire en Europe. » 

2023 : Opportunity for Women

Yvonne Altorfer s’est associée avec Trendethics pour créer Opportunity for Women, début 2023. Le but : distribuer les produits sous une seule marque. Opportunity for Women aura une structure associative pour développer d’autres projets en Asie du Sud-Est et plus largement : « Nous voulons pouvoir lancer, mentorer et accompagner des femmes. » Un site Internet est en cours de création. « Nous avons aussi candidaté pour avoir une boutique éphémère en plein cœur de Paris, près de l’Hôtel de Ville. » 

A ce jour, Opportunity for Women compte six femmes pleinement engagée et en majorité bénévoles : Marie Van Haecke, Lucie Tailhades, Julia Naw, Yvonne Altorfer, Cécile Villegas et Julia Aldeguer. « Nous rêvons d’un monde meilleur qui valorise les savoir-faire de chacune, les ressources naturelles et lutte contre les inégalités. Nous sommes convaincues que les communautés locales d’Asie du Sud-Est et en particulier les femmes, peuvent être actrices d’initiatives pérennes créant de la valeur pour le reste du monde. Par leur culture, leur mode de vie et leur proximité avec la nature, ces minorités peuvent ainsi apporter une réponse aux enjeux socio-environnementaux. Nous voulons permettre et valoriser un modèle économique pour une transition écologique et solidaire via des activités durables et humaines. »

Vous voulez en savoir plus ou agir avec Opportunity for Women ? Devenir membre, ambassadeur ou bénévole ? Ecrivez-leur ! 

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