Deux femmes et trois hommes ont dit « oui » pour prendre la suite de François Prouteau à la tête de Fondacio : Cécile Villegas (France), Kathleen Deckmyn (Belgique), Jérôme Tozé (Bénin), Ignacio Rosselot (Chili) et Benoît Vignon (France). Leurs noms ont été dévoilés, mardi 18 avril 2023, lors d’une visioconférence avec l’ensemble des délégués et invités au Congrès. L’équipe de coprésidents se présentera au vote des délégués lors du Congrès international de Fondacio, début mai, au Togo.
Basculer
Basculer. C’est l’enjeu que souhaitent porter, ensemble, les cinq coprésidents de Fondacio pour la mandature qui s’ouvrira en mai 2023, jusqu’en 2028. « Basculer d’une culture à une autre, laisser plus de place à une nouvelle génération de responsables », précise Marc Fornari, président du Groupe d’aide au discernement (Gad). « Être en coresponsabilité, dans le respect du principe de subsidiarité… Pour cela il faut oser le changement, avec ses incertitudes, ses paris, ses sauts dans le vide, mais aussi ses promesses. »
Depuis le vote de plusieurs motions, le 19 janvier 2023, le Gad a consulté les pays et le Conseil de Fondacio qui lui ont remis leurs listes de personnes pour former une équipe de coprésidence. Celle-ci n’est pas une nouvelle instance de gouvernance de Fondacio, mais une équipe au travail qui assume et se partage le rôle et les responsabilités du président. Le Gad a ensuite organisé des rencontres, individuelles puis collectives. « La constitution de l’équipe de coprésidents a été une coconstruction progressive », jusqu’à l’annonce, mardi, d’un « quintet » de coprésidents. Cette équipe se présentera au vote des délégués lors du Congrès international de Fondacio, du 29 avril au 5 mai, au Togo.
Critères de sélection des coprésidents
Le Gad a tenu compte de plusieurs critères pour constituer cette équipe de coprésidents :
- Complémentarité des expériences et des compétences ;
- Diversité des cultures et des âges ;
- Equilibre hommes-femmes ;
- Facilité et envie de travailler ensemble ;
- Et enfin, ouverture à la dimension internationale de Fondacio.
Ainsi, c’est Cécile Villegas (France), Kathleen Deckmyn (Belgique), Benoît Vignon (France), Jérôme Tozé (Bénin) et Ignacio Rosselot (Chili) qui, ensemble, ont dit « oui » au projet de coprésidence. Pour être élue, cette équipe devra recueillir les deux-tiers des suffrages d’une centaine de délégués issus des 23 pays où Fondacio est présente. Une consultation aura également lieu pour le Conseil de Fondacio et sa ratification. Le président du Gad souligne : « Nous en sommes donc aujourd’hui à un point d’étape important, mais le processus se poursuit. » Chaque coprésident a pris la parole pour se présenter.
Cécile Villegas
Cécile Villegas d’abord. Cette architecte de formation âgée de 30 ans a croisé la route de Fondacio en 2017, lors d’un service civique au Chili : « Ce voyage, qui devait être une parenthèse d’un an, a constitué un virage décisif de quatre ans. On m’a laissé le champ libre pour monter le projet qui me tenait à cœur, on m’a fait confiance et donné des responsabilités. J’ai trouvé un sens à mon travail et découvert le charisme de Fondacio. » Cécile et son mari chilien se sont installés en France, il y a deux ans. Elle a intégré le tiers-lieu de l’Ermitage et en est devenue coresponsable. « Je suis donc la preuve que, dans Fondacio, on donne la place aux jeunes, indépendamment de leur expérience… j’en suis très reconnaissante. »
Cécile travaille également pour la globalité depuis deux ans. « Cela m’a permis de toucher du doigt les différentes réalités de Fondacio dans le monde. Aujourd’hui, c’est une nouvelle étape qui s’ouvre dans mon aventure avec Fondacio et avec le Christ. On me propose de faire partie de cette équipe de coprésidence et je suis là, devant vous, pour vous dire oui ! Car quand le Seigneur propose une telle aventure, Il nous accompagne et nous porte. Travailler avec Kathleen, Benoît, Jérôme et Nacho me donne beaucoup d’élan. Tout ne sera pas facile : nous ne savons pas ce qui nous attend et beaucoup de choses restent à préciser. Ce qui est sûr, c’est que je suis disponible et à l’écoute pour donner l’élan de Fondacio vers un monde écorché, qui demande qu’on investisse nos vies pour le rendre plus beau, même si ce n’est qu’une goutte dans l’océan. »
Kathleen Deckmyn
Kathleen Deckmyn, 62 ans, est membre de Fondacio en Belgique depuis 2014. Elle a vécu plus de vingt-cinq ans aux Philippines, où elle était responsable de projets de développement d’une Organisation non gouvernementale (ONG) belge. Cette ingénieure agronome de formation, spécialisée en sciences du sol, en agriculture tropicale et en agroécologie, est membre du quatuor du Conseil belge, depuis trois ans. « Cette expérience de coresponsabilité est très enrichissante et évite la lourdeur d’une responsabilité en solo », apprécie-t-elle.
« Je ne m’attendais pas à être appelée dans l’équipe présidentielle de Fondacio. Quelle surprise ! Ma première réaction fut à la fois d’être enthousiaste et totalement terrorisée. Je me suis mise à l’écoute de l’Esprit Saint. Je sens l’appel à prendre soin et servir le peuple de Fondacio, un et diversifié. La spiritualité de Fondacio me rejoint. Elle est le don que Dieu nous a donné pour partager son Amour, particulièrement avec les plus fragiles. C’est mon socle et ma priorité. L’écologie intégrale est également ancrée en moi. Comme l’a dit le pape François dans Laudato Si : tout est lié, tout est donné et tout est fragile. »
Benoît Vignon
Benoît Vignon, 38 ans, est permanent à Fondacio depuis douze ans. Kinésithérapeute de formation, il a contribué pendant huit ans au Conseil de Fondacio France, dont il a aussi été coprésident pendant deux ans, aux côtés de Marianne de Boisredon. Il est coresponsable du tiers-lieu de l’Ermitage depuis quatre ans. Il témoigne de ce qui l’anime : « J’ai eu la chance d’être envoyé par Fondacio me former à l’intelligence collective et au coaching des organisations. Cela m’a beaucoup ouvert aux enjeux de comment fonctionner, comment faire ensemble tout en laissant sa place à chacun. Je crois que Fondacio porte en elle quelque chose de l’innovation pour le monde et pour l’Eglise. »
« Fondacio a quelque chose à proposer, comme un chemin de nouveautés pour le monde et pour l’Eglise. Comme communauté charismatique, on a à témoigner de cette vie dans l’Esprit de chrétiens qui croient profondément que le Christ est ressuscité et que ça transforme la vie. Cela ne se fait pas que par nos projets, nos sessions, notre vie communautaire, mais aussi par notre manière d’être ensemble, de gouverner nos institutions, de chercher de l’argent… C’est une des choses qui m’habite et qui m’a peut-être poussé à oser dire oui à l’appel à contribuer à cette équipe, pour qu’au niveau de la globalité, nous puissions vivre ensemble cette bascule. »
Jérôme Tozé
Jérôme Tozé, 51 ans, est bénévole au sein du Conseil de Fondacio dans la mandature qui s’achève. Ce professionnel des médias et entrepreneur béninois « cumule une vingtaine d’années en accompagnement individuel », surtout dans les pastorales de la jeunesse et familiale. Le but : « faire lever au Bénin et en Afrique de potentiels leaders qui s’enracinent dans un engagement relationnel vrai, conscient, tant familial et pastoral que citoyen. Cela m’a donné, ces dernières années, des ailes dans mon désir d’avancer pour prendre soin de moi et de la relation. »
« Ce que je porte dans ce oui à faire partie de l’équipe de coprésidence, c’est d’abord la surprise de découvrir cet appel. Je prends la mesure que c’est une nouvelle aventure et un saut dans le vide avec un changement majeur de mode de gouvernance. Mais ce ne sont pas d’abord mes compétences, mes fragilités ou mes limites qui importent pour Dieu. C’est mon cœur et comment je viens à Lui. Avec les autres membres, j’ai été rejoint dans l’élan qu’il y a à la fois une ligne historique qui peut être une force pour transformer et surtout une vitalité et une énergie renouvelée, tournées vers la mission. Je suis invité à contribuer à faire une bascule pour Fondacio dans sa globalité. »
Ignacio Rosselot
Ignacio Rosselot, Chilien de 62 ans, est membre de Fondacio depuis 1980 et permanent depuis 1985. « J’ai eu divers engagements dans la pastorale, l’évangélisation et le service aux plus vulnérables à travers la pratique de la médecine », présente-t-il. Ignacio Rosselot a participé à la création de la Fondation Cristo Vive, au Chili. Il a été responsable de Fondacio dans ce pays et a passé douze ans en France, pendant lesquelles il a œuvré à structurer et promouvoir la mission sociale, a été vice-président de l’association en 2004 puis président à partir de 2008. « Une expérience humaine riche, mais aussi très dure. Nous avons dû faire face à une crise de gouvernance. »
De retour au Chili à la fin de son mandat, il a pris la direction de la fondation Cristo Vive, dont il était vice-président exécutif jusqu’en décembre 2022. Membre du Conseil de Fondacio, il a accepté d’être disponible pour une présidence partagée. « Cependant, pour pouvoir donner un oui clair, il me faut être convaincu que Fondacio souhaite vraiment continuer à marcher comme une seule communauté avec une gouvernance mondiale. Pourquoi et pour quoi voulons-nous cheminer ensemble dans les années qui viennent ? Ainsi, dans un projet collectif, avec les quatre personnes qui m’ont précédé et avec toute la communauté, oui, je suis prêt à m’associer et à apporter mon expérience et mes capacités, à accompagner de nouvelles générations pour ouvrir et conduire de nouvelles voies. Oui, je crois en Fondacio et à l’espérance qui nous convoque. »
« Merci ! »
A la suite de ces cinq présentations, François Prouteau, actuel président de Fondacio, a partagé sa gratitude « pour votre témoignage, pour votre oui à être disponible. Je suis très touché. Un grand merci au Gad, qui n’a pas fini son travail, mais en a fait une bonne partie. Ce quintet de coprésidents est joyeux. C’est l’expression de cette communauté qui grandit dans sa coresponsabilité et qui se laisse guider par Dieu. »
D’autres délégués ont également témoigné leur gratitude et encouragements à l’équipe de coprésidents. Laurence Guérid (France) : « Je suis très touchée par vos cinq témoignages, par vos expériences dans ou à l’extérieur de Fondacio, par votre foi qui transpire… Ça me réjouit de voir Fondacio partir pour cinq ans avec une équipe comme cela. Merci ! » Ferdinand Adindjita (Togo) : « C’est beau, c’est magnifique, nous sommes derrière vous. L’aventure sera belle, merci ! »
Olga Lucia Benavides (Colombie) a exprimé sa joie « de sentir la diversité de l’équipe de coprésidents qui nous invite à cheminer ensemble. Je rends grâce pour votre disponibilité et volonté de faire ce saut dans le vide, d’entrer dans cette gouvernance ensemble. Effectivement, on peut raviver de nouvelles manières de faire inspirantes. » Enfin, Jason Chan (Asie)a souligné une « vraie diversité, avec des plus jeunes. C’est magnifique de voir que différents continents sont représentés. »