La longue carrière d’acteur et de comédien de Michael Lonsdale est marquante. Il est décédé il y a huit jours, à l’âge de 89 ans. D’aucun dirait, il s’est « éteint », … et pourtant ! Comment la paix d’un visage et la lumière des yeux peuvent disparaître ? La musique de l’âme et une voix profonde, jouant dans les intonations et le silence, s’éteindre ?
Michael Lonsdale a joué sous la direction des plus grands cinéastes (Mocky, Truffaut, Duras, Annaud) et on connaît son inoubliable interprétation de Frère Luc dans Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois. Les stars peuvent jouer de leur ego, mais ce n’est pas cette gloire que cherchait Michael Lonsdale. « L’artiste, disait-il, fait ce métier généralement parce qu’il est désireux d’exprimer la beauté, de faire quelque chose de bien ; il a besoin de transmettre pour qu’on l’aime peut-être ». Il avait fait rire, lors de la réception du premier César de sa carrière aux 140 films : à 80 ans, recevant dans ses mains le trophée, il s’était exclamé : « Ah, te voilà, petit coquin. Tu en as mis du temps ! » avant de conclure avec sagesse et sous les applaudissements: « Mieux vaut tard que jamais ».
A l’antenne de RCF, en 2012, dans une interview avec Laetitia de Traversay, Michael Lonsdale parlait de sa passion pour la beauté alliée à une foi profonde et vivante. L’acteur percevait quelques fois, dans son métier, en interprétant de grandes figures – comme saint Séraphin de Sarov, et aussi en embrassant le rôle de frère Luc à Tibherine – que ce n’était pas lui qui jouait, mais quelqu’un, une présence en lui qui disait ce qu’il devait dire, qui faisait ce qu’il faut … La route était toute tracée. L’expérience du tournage « Des dieux et des hommesétait inoubliable et encore toute proche pour le comédien, nourri de la présence et de la vie du moine médecin qui, jusqu’à 82 ans, de 7h du matin à 10h du soir, soignait et dispensait généreusement ses conseils à qui voulait. Entre les murs et le jardin de Tibherine dont le film rend compte à merveille, résonne encore le dialogue improvisé où il parle de l’amour à une jeune algérienne, en répondant à la question : « quand est-ce qu’on sait qu’on est vraiment amoureux ? ». Il n’est pas étonnant que Michael Lonsdale incarne autant frère Luc dans cet espace où les moines ont donné par amour, leur vie pour toujours. On connaît l’humilité et la générosité de l’acteur, et sa passion pour le texte du Cantique des Cantiques dans la Bible. Le tableau du Fils Prodigue de Rembrandt était aussi son œuvre préférée. Avec Michael Lonsdale, on est mystérieusement en chemin pour le service de Dieu et de la beauté, En chemin avec la beauté.
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